< Retour à la liste

Sorties littéraires 2023

Stefano d’Arrigo

Domaine Étranger
Traduit de l’italien par Monique Baccelli et Antonio Werli
Parution le 13 octobre 2023 – Le Nouvel Attila

« Quatre journées – le temps de la fable – se dilatent jusqu’à remplir mille trois cents pages dans lesquelles la Sicile de 1943 devient la clef permettant de comprendre la désagrégation que la Seconde Guerre mondiale a apportée dans l’idée même d’humanité… Un livre exubérant, cruel, viscéral et hautain, qui souvent doit être étudié et déchiffré comme un manuscrit ancien, pourtant il me plaît, je ne me lasse pas de le relire et à chaque fois il me semble nouveau. Il ne pouvait pas être écrit autrement. »  Primo Levi

1975, Horcynus Orca est dès sa sortie en Italie considéré comme un chef d’œuvre de la littérature européenne, salué par Pier Paolo Pasolini, Primo Levi, Claudio Magris, George Steiner… Vendu à 80000ex, plus 45000 en poche, son histoire est cependant des plus atypiques. L’œuvre épique et lyrique qu’on connaît aujourd’hui est l’aboutissement d’un travail de réécriture de plus de vingt ans, commencé sous le titre La Testa del delfino, vers 1950. La légende du texte circule très rapidement dans les cercles littéraires, au point que D’Arrigo reçoit, alors que le livre n’est pas encore publié, le prix de la Fondation Cino Del Duca (1959). Alors qu’il promet à l’éditeur de revoir les épreuves en quinze jours, il le fait patienter quinze ans avant de livrer le texte définitif, qui a gardé sa structure, mais changé de style en profondeur. Une langue baroque La nouvelle version a doublé de volume (1257 pages) et créé un langage intrinsèque en mêlant quatre niveaux de langue : le jargon des pécheurs de Messine, l’italien du Mezzogiorno, des sicilianismes italianisés et des mots-valises et néologismes forgés de toutes pièces.

Hormis en Allemagne, où Fischer a publié une traduction en 2015 après quinze ans de travail, le livre n’a à ce jour été traduit nulle part. Mais la rencontre entre les traducteurs et l’éditeur assez persévérants et passionnés pour aller au bout ne s’était pas encore opérée…

Stefano D’Arrigo (Messine, 1919 – Rome, 1992) a été footballeur amateur, critique d’art, et joué le rôle secondaire d’un juge d’instruction dans Accattone, le film de Pasolini. Son premier recueil de poèmes, Codice Siciliano, est couronné du prix Crotone 1957, Gadda étant au jury. Sa biographie coïncide ensuite avec son amour pour sa femme et l’écriture de son œuvre majeure, à laquelle il consacra vingt ans : Horcynus Orca, publié en 1975, après trois réécritures et une période d’isolement quasi total qui menaça jusqu’à sa santé.

Monique Baccelli (née à Paris en 1930) a signé plus de 150 traductions. Parmi ses grandes œuvres, les 3000 pages de la Correspondance générale de Leopardi. En-dessous de 500 pages, elle affirme s’ennuyer et n’avoir pas le temps de saisir le style ni l’histoire. Antonio Werli (né à Obernai en 1986) a été libraire, traducteur, critique littéraire, graphiste, puis typographe, relieur et éditeur (à Buenos Aires). Il a dirigé des collections de littératures française et latino-américaine chez Cheyne, Quidam, Minuscule, et traduit plus de 40 auteurs.