Pierrine Poget

Domaine francophone
Parution le 2 février 2024 – Éditions La Baconnière

Le combat d’une vie pour se réapproprier un soi trop souvent abandonné aux autres.

Le livre s’ouvre sur le souvenir brutal d’un viol que subit la narratrice persuadée d’avoir laissé passer sa chance de dire non. Sans un mot de trop, d’une justesse accablante, l’autrice se réapproprie son corps et son pouvoir de décision. Le texte laisse alors là ce souvenir violent pour s’étendre sur la relation plus compliquée à la maternité. En plongeant dans un cocon enfantin, en renonçant au désir et en vivant au rythme de l’enfant, l’autrice abandonne peu à peu le monde des adultes et s’illusionne sur un retour à l’innocence et à l’immortalité de l’enfance. Là encore, l’écriture pour exister doit se libérer de ce monde protégé et délicieusement irresponsable. Enfin l’amour, fort, nouveau, surgit au milieu de ce chemin vers la délivrance. Il lèvera les voiles.

Ces métamorphoses de la vie d’une femme sont accompagnées par l’étude de l’imaginaire paisible de Corot qui représente sa vie familiale, la description du choc de la découverte de Vuillard dont la peinture représente la remise en question de l’ordre du foyer et enfin l’intérêt envers Berthe Morisot, lorsqu’il s’agit d’apprendre à aimer. Une force vitale traverse la prose de Pierrine Poget qui se forme dans la déroutante vulnérabilité qu’elle révèle. Dans une langue sublime et au cours d’un récit qui se lit avec avidité, on suit cet être touchant à l’extrême qui ne se berce d’aucune illusion sur elle-même.