Mariette Navarro

Domaine Français
Parution le 30 août 2024 – Quidam Editeur

Dans une langue qui happe et envoûte, le portrait d’une femme en route vers une indépendance radicale.

« Je n’adhère plus » sont les mots qui servent de matrice à Palais de verre. Une femme, Claire, peut-être « au milieu du chemin de sa vie », découvre qu’elle ne fait plus corps avec ce qui l’animait jusqu’à présent, notamment dans son milieu professionnel. Elle a l’impression de se détacher du monde et des valeurs qui étaient jusqu’à présent les siennes. En « exilée de l’intérieur », elle sent physiquement, d’un seul coup, qu’elle flotte au-dessus de ce qui lui pesait et l’entravait.

On fait la rencontre de ce personnage au moment où la goutte d’eau est en train de déborder du vase : elle vient de s’extraire d’une réunion et se réfugie sur le toit de l’immeuble où elle travaille. Elle s’apprête à passer la nuit là-haut, seule, sans aucun confort. On comprend que des glissements politiques progressifs ont eu lieu, qu’ils ont eu une incidence dans le travail de Claire. Elle n’est pas la seule à en souffrir : c’est une entreprise où il y a déjà eu au moins un suicide récent, qui devient le moteur inconscient de sa propre envie d’évasion. Parallèlement, on suit le point de vue des collègues de Claire, voix plurielle du « nous » en un contrepoint récurrent. « Nous » fragilisé à son tour par une tempête qui perturbe les habitudes, comme aussi la disparition inexpliquée de Claire…

« Dans ce court texte, j’ai essayé de travailler sur la précision et la netteté, sans renoncer à la densité poétique que j’affectionne, ni aux images, qui sont ma façon de « cristalliser » ce que je ressens de notre monde, de ses lignes de force, de ses violences. En littérature, je me sens proche de la famille des « exilés intérieurs », confrontés à la solitude et au vertige de la condition humaine. J’aime la compagnie de ces personnages à la radicalité désespérée.»                      Mariette Navarro